La popularité croissante des podcasts ces dernières années auprès d’un large public, y compris les enfants, m’a conforté dans l’envie d’expérimenter la création de ce support multi-compétences. L’oral, en production comme en réception, a une place importante dans les programmes de l’Éducation nationale, place que l’on retrouve dans les évaluations nationales, que ce soit au brevet ou au bac avec la nouvelle épreuve du grand oral. À ce titre, le podcast apparaît comme un dispositif idéal pour travailler l’oral en classe, et cela, dès le primaire. Ainsi, les podcasts diffusés en exemple ont encouragé les élèves à prêter attention à ce qu’ils écoutent, à comprendre le contenu, à réfléchir aux idées et à poser des questions.

Avec ce projet, ma volonté était de diversifier mon approche pédagogique et de permettre aux élèves de développer des compétences essentielles en production d’écrit, en réflexion, en collaboration, en communication et en prise de parole en public.

Je souhaitais également stimuler leur créativité, leur esprit critique en les faisant analyser et vérifier les informations, réfléchir à leur diffusion sur Internet pour acquérir une culture numérique de vigilance. Ce projet s’inscrivait donc dans une démarche globale d’apprentissage, d’utilisation du numérique raisonnée et raisonnable et de développement des compétences en EMI : traiter soi-même l’information et en produire, c’est comprendre que cela implique de faire des choix, c’est comprendre la différence entre information et désinformation, c’est apprendre ce qu’est une ligne éditoriale, un titre, un nom, un slogan et le lexique correspondant, c’est écrire un article puis le travailler et le transformer en discours.

C’est avec enthousiasme que tous mes élèves se sont impliqués dans ce projet.

Par le biais de ce projet, d’autres compétences ont été travaillées : prise d’initiative et développement de l’autonomie, de la confiance en soi, de l’esprit d’appartenance et d’adhésion à un projet collectif dans lequel on exerce une responsabilité. Il a permis de développer l’implication et l’inclusion de tous mes élèves, même des plus timides et ceux ayant des difficultés en production d’écrit. Les élèves ont pris le contrôle de leur propre apprentissage dans un espace de droit et de respect.

À l’instar d’un journal radiophonique, ils ont travaillé par rubriques : Société, Technologie, sport, Sciences, Géographie… Sous mon contrôle, j’ai laissé les élèves choisir librement leur thème de reportage. Seule contrainte, ils devaient travailler par groupe. Impliqués, ils ont proposé 7 thèmes forts sur lesquels ils souhaitaient réinvestir des notions vues en classe et s’exprimer dans divers domaines :

• l’utilisation et les dangers d’Internet
• à quoi sert l’école ?
• la planète mars
• notre sortie sportive d’Ultimate
• l’Afrique
• la laïcité

En termes d’organisation, les élèves se sont répartis par groupe de 2 à 6 puis chacun a rédigé son article selon la thématique de son groupe. Ensuite, ils ont dû mettre en commun en comité de rédaction pour rédiger le texte qui sera enregistré, chacun s’exprimant sur une partie.

Le dispositif technique d’enregistrement était simple, deux micros reliés à une mini table de mixage piloté par un ordinateur portable avec le logiciel Audacity. J’ai pris en charge la technique pour laisser les élèves s’exprimer. Une présentatrice a été choisie par les élèves pour mener les questions (Micro 1) et les élèves/reporters sur l’autre (micro 2) ; les slogans étant enregistrés par l’ensemble du groupe classe. Afin d’enregistrer l’ensemble des 28 élèves, il nous a fallu deux séances d’enregistrement et 5 séances comprenant l’écriture, les recherches et la mise en commun.

J’ai d’ailleurs été surpris par un groupe d’élèves qui, sur une initiative personnelle, a utilisé la messagerie et la médiathèque de l’ENT pour partager leur travail et commencer leur travail rédactionnel de groupe sur les usages d’Internet.

Mes attendus sur ce projet sont liés à mes objectifs, mais voici ce que j’ai constaté :

• La participation de chacun avec un objectif tangible autre que la lecture par leur professeur.
• La capacité de mes élèves à exprimer leurs idées clairement et de manière concise, à structurer leur contenu de manière logique et à créer un script bien organisé.
• La qualité de la narration, de la diction et de la présentation orale de mes élèves.
• La capacité des élèves à travailler en équipe, à collaborer efficacement et à respecter les délais.
• La pertinence et la qualité du contenu éducatif présenté dans le podcast, ainsi que sa capacité à atteindre les objectifs d’apprentissage spécifiques que j’avais fixés.
• La capacité à réfléchir de manière critique sur leur propre travail et à évaluer les podcasts de leurs pairs.
• Le gain de confiance en eux.
• La fierté de chacun d’avoir réussi et le retour positif de leurs parents à la diffusion sur l’ENT.

Un tel projet est conséquent et chronophage, il est important de noter que sa mise en œuvre nécessite une planification et une préparation minutieuse…

Après la finalisation du podcast, les élèves ont fait un retour sur cette première expérience. Ils ont expliqué avoir développé leur confiance en eux, leur capacité à travailler en équipe, leur créativité et leur compétence en communication orale. Ils ont également partagé leur enthousiasme pour la poursuite du projet de podcasts et leur vision pour l’avenir.

Maintenant que ce podcast au format long a été créé, il y a plusieurs évolutions possibles pour la suite de futurs podcasts :

• Les élèves doivent chercher à créer des podcasts plus courts et plus complexes, en intégrant des interviews, des débats, des reportages et des commentaires. Cela peut aider les élèves à développer leur capacité à travailler sur des projets plus ambitieux et à gérer un grand projet de longue durée sur toute l’année scolaire.
• Les élèves peuvent chercher à explorer des sujets plus avancés et plus complexes, qui nécessitent une recherche approfondie et une compréhension plus poussée des concepts. Cela peut aider les élèves à développer leur pensée critique, à synthétiser et à renforcer leur compréhension de certains sujets.
• Ils peuvent chercher à créer des podcasts sur des sujets d’actualité, tels que des événements locaux, nationaux ou mondiaux. Cela peut aider les élèves à développer leur compréhension des enjeux actuels et à améliorer leur capacité à évaluer l’information.

Un second podcast est en cours de création mélangeant histoire, français et compétences en EMI ; l’interview réalisée par les élèves d’une dame ayant leur âge lors du début de la Seconde Guerre mondiale avec le sous-titre suivant : L’info Réglo (c’est notre histoire).

En conclusion, je dirais qu’il faut oser se lancer dans un tel projet sans avoir peur. Mes 28 élèves ont dépassé mes attentes en s’emparant totalement du projet.