Enseignante en CP, Aurélia Leclaire, guidée par le souci de répondre aux besoins de différenciation, s’est appropriée des ressources produites Outre-Atlantique par Debbie Diller conseillère pédagogique.
Ses lectures et ses questionnements ont permis de mettre en œuvre de nouvelles stratégies pédagogiques qu’elle a mûries avec ses collègues depuis plus d’une année.
Elle résume ainsi sa problématique : « Le fonctionnement ordinaire, avec une classe en « autobus », ne nous convenait plus. Nous ne nous sentions plus à l’aise avec cette organisation qui ne nous permettait pas de différencier et d’individualiser suffisamment nos enseignements. »
L’article décrit les éléments constitutifs des choix pédagogiques priorisés afin d’apporter une solution au besoin identifié. Les axes développés concernent :
- les changements opérés au niveau de la forme scolaire ;
- l’importance de l’organisation de l’espace classe ;
- les prolongements facilités par le numérique.
Une demi-classe pour les apprentissages fondamentaux
En optant pour le partage de sa classe en deux groupes hétérogènes, l’enseignante a tenté d’optimiser les avantages du travail en petit groupe pour mieux observer les élèves et permettre d’apporter au plus vite la rétroaction nécessaire à chacun et surtout aux élèves à besoin.
Ce travail de proximité avec l’enseignante, d’une durée de 30 minutes, privilégie l’expression orale des élèves, facilite les phases de découverte, de manipulation, de synthèse ou de bilan.
L’enseignante alterne ainsi un temps accompagné avec un temps où les élèves s’inscrivent dans une démarche plus autonome par binôme. Lors de cette rotation, elle reprend une seconde fois l’acquisition des mêmes compétences dans un rythme bien défini.
Les binômes en autonomie
Les élèves en autonomie sont organisés par binôme afin de pouvoir échanger, de réfléchir et de confronter les stratégies sans trop élever le niveau sonore de la classe. Cette modalité pédagogique suppose le développement de compétences transversales : l’entraide, l’initiative, le tutorat et le partage sont ainsi exploités dans un climat bienveillant, positif et de respect mutuel afin d’inscrire l’idée qu’un travail réciproque est favorable à la réussite de tous.
Il constitue un préalable indispensable pour mettre en place cette démarche et s’obtient par un travail d’explicitation des attentes, de régulation des comportements et également la compréhension qu’un climat de confiance et d’entraide doit s’installer afin d’éliminer les possibles tricheries ou les comportements déviants.
Une des règles d’or instaurée progressivement est que les élèves en autonomie ne doivent pas interrompre la maîtresse. Ils doivent commencer par s’entraider et trouver entre eux des solutions avant d’aller chercher le post-it « S.O.S Maîtresse » qui signale le besoin d’aide.
Les centres d’autonomie organisés dans un espace classe proactif
L’espace physique de la classe, l’organisation matérielle des ateliers ou centre d’autonomie représentent une phase stratégique dans la réussite de cette modalité de travail.
La classe est ainsi décomposée en petits ilots qui correspondent chacun à des domaines d’enseignement ou des compétences visées.
Les affichages, le matériel accessible suffisent à répondre aux objectifs d’apprentissage ciblés.
L’élève est invité à adopter d’autres postures d’apprenant.
Ses besoins physiologiques sont respectés, ses attitudes corporelles peuvent varier.
Chaque activité est réalisée durant la semaine (manipulation, exercices de réinvestissement ou activité nouvelle se situant dans leur zone proximale de développement).
L’élève met à jour le tableau de programmation ou complète leur plan de travail (selon la période de l’année) afin de permettre à l’enseignant de corriger et de suivre les productions.
Il peut selon les cas :
- laisser une trace écrite,
- produire des enregistrements au dictaphone de la classe,
- manipuler un appareil photo ou enregistrer son travail sur l’ordinateur.
Des compétences, des domaines d’enseignement et des centres d’autonomie
Selon les périodes et la programmation annuelle, plusieurs types de centre sont mis à disposition des élèves :
- centre d’écriture : production d’écrits, copie…
- centre de lecture : lecture à soi, lecture à l’autre, lecture à deux, compréhension, lecture-plaisir…
- centre des grands livres : réinvestissement des lectures offertes, interprétation…
- centre de l’alphabet et des mots : activités de phonologie, d’étude de la langue…
- centre de mathématiques : manipulation dans tous les domaines mathématiques
- centre de poésie : choix d’une poésie et apprentissage en autonomie (seul ou à deux)
- centre de création : activités d’arts visuels et d’éducation musicale
- centre de découvertes : questionner le monde (différentes étapes de démarche expérimentale)
- centre d’écoute : écoutes musicales, écoutes d’albums, chants d’anglais, méditation
- centre de motricité fine : en début d’année surtout pour apprendre à tenir son crayon, réaliser des graphismes pour les élèves les plus en difficultés avec l’entrée dans l’écriture cursive…
- centre d’anglais : réinvestissement de jeux de vocabulaire réalisés précédemment en classe
- centre informatique : ergonomie du clavier, traitement de texte, lecture de livres numériques et interactifs, recherches, vidéos…
Des ressources pour aller plus loin
- Aménager sa classe pour favoriser l’apprentissage - Debbie Diller
- Les centres de littératie pour les élèves de 8 à 12 ans
Une approche basée sur l’autonomie pour consolider les apprentissages en lecture, en écriture et en communication orale - Debbie Diller - Les centres de mathématiques - pour les élèves de 5 à 8 ans - Debbie Diller
- Le blog professionnel d’Aurélia Leclaire